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LA PRÉ-ÉCLAMPSIE

raconter

SOPHIE

« Je commence à gonfler, mais alors Bibendum 1er. Les jambes, c’était éléphantesque. Et donc c’était surtout le bas, j’étais vraiment gonflée du bas. Et puis, personne s’affole plus que ça. De toute façon, c’est la grossesse quoi. »

 

« Elle prend ma tension et là, j’étais à 15/9.  Alors je vous explique. Ce qui va se passer, c’est que vous sortirez pas de l’hôpital tant que vous n’aurez pas mis votre enfant au monde. »

 

« On part tout de suite en salle d’accouchement. Vous faites un hellp syndrome. » 

 

« Je crois qu’ils sont tous en train de se regarder et se dire, ça craint. »

 

« Je pense que c’est la fin pour moi. Je me dis je vais pas m’en sortir. » 

DANS CET ÉPISODE

SOPHIE, ATTEINTE DE PRÉ-ÉCLAMPSIE ET HELLP SYNDROME A SON 9eme MOIS DE GROSSESSE, NOUS RACONTE SON HISTOIRE.

Dans ce témoignage, Sophie nous raconte sa grossesse et le moment où tout bascule au début de son neuvième mois : c’est une pré-éclampsie avec syndrome Hellp. Elle nous partage avec une grande sincérité son histoire : les symptômes qui auraient dû inquiéter les médecins plus tôt, son accouchement dans l’urgence sans possible préparation de sa part, ses doutes, ses émotions, ainsi que la culpabilité qu’elle a pu ressentir après son accouchement.

Un nouvel itinéraire bis de la maternité raconté avec beaucoup de spontanéité, joie de vivre et générosité. 

SOUTENIR

les ACCOMPAGNANTS

Docteur Paul Guerby Gynécologue obstétricien au CHU de Toulouse et chef de service de la maternité Paul de Viguier

Dans cet épisode, il nous explique ce qu’est une pré-éclampsie, les symptômes associés, les différentes formes et complications possibles dont le Hellp syndrome ainsi que les risques encourus par la maman et le bébé. 

Il nous parle également de l’après; quelle attitude et surveillance adopter après l’accouchement, car le risques peuvent encore persister chez certaines femmes.

Fabienne Cautru Psychologue dans le service de Médecine et Réanimation néonatales à l’hôpital Cochin à Paris.

Dans cet épisode, elle nous apporte un éclairage sur la façon dont les femmes atteintes de pré-éclampsie peuvent vivre leur accouchement.

 

Incompréhension, impuissance, traumatisme, culpabilité… les femmes peuvent vite se sentir responsables, alors qu’elles ne le sont pas.

 

La pré-éclampsie (et toutes ses formes plus graves) est une complication de la grossesse qui peut laisser des traces traumatiques pouvant influencer sur la relation mère-bébé.

SOUTIENS

Merci à l’Association Grossesse Santé qui nous a aidées à trouver les professionnels de santé qui interviennent dans l'épisode et à nos mécènes La Fondation Des Femmes et l'entreprise THÉORÈME qui ont rendu sa réalisation possible

Écriture, réalisation et montage

Fanny de Font-Réaulx & Anna N'Diaye

intervenants

Gynécologue obstétricien au CHU de Toulouse et chef de service de la maternité Paul de Viguier et Fabienne Cautru, psychologue à l’hôpital Cochin, dans le service de réanimation néonatale et néonatalogie à la maternité de Port-Royal.

design sonore

Raphaël Aucler et Victor Belin / Studio Arigato

MUSIQUE ORIGINALE

Arigato Massaï

ENREGISTREMENT DE L'ÉPISODE

Cet épisode à été réalisé au Sutdio La Poudre de la Cité Audacieuse / Fondation des femmes

la production

Qui a contribué à ce podcast?

EXTRAITS DE L'ÉPISODE

Au bout des trois mois, je commence à me trouver, mais canonissime, j’ai vraiment kiffé ma grossesse.

Mais le mois d’avril, c’était l’été. Donc, à ce moment-là, mes genoux gonflent. Je commence à gonfler, mais alors Bibendum 1er. 

Je prends des Birkenstock avec une pointure et demie en plus. Les bagues, évidemment, je peux plus rentrer dedans. Les jambes, c’était éléphantesque. 

Et puis, personne s’affole plus que ça. De toute façon, c’est la grossesse. 

Je dis je ne me sens pas bien, j’ai mal au crâne, j’ai juste cette douleur et j’ai surtout cet oedème. Effectivement, elle me pèse. Elle m’a dit vous avez pris sept ou huit kilos, c’est énorme.

 

Et puis, elle prend ma tension et là, j’étais à 15/9. Elle me fait bon, ok. Alors je vous explique. Ce qui va se passer, c’est que vous sortirez pas de l’hôpital tant que vous n’aurez pas mis votre enfant au monde. 

On part tout de suite en salle d’accouchement. Vous faites un hellp syndrome. 

Et puis, je vois un grand mec qui se pointe. Et c’est le grand professeur, c’est LE ponte.

Et là c’est autre chose. Parce que là, je sens que c’est chaud. C’est chaud à la minute près. La tout de suite on voit la gravité à leur visage. 

Je pense que c’est la fin pour moi. Je me dis je vais pas m’en sortir. 

 

Et là, ils me disent écoutez, ne vous inquiétez pas, on va vous endormir et je m’endors comme ça, est-ce que ça dure même pas une minute. 

Donc, je m’endors, et puis mon fils nait, moi, je suis pas là, évidemment, je dors. Voilà. 

 

Finalement, tout a été génial. Je veux dire que globalement, la famille a été là et tout, mais. Mais moi, pas quelque part. Tout a été super après pour Joseph, qui a été pris en charge, mais moi pas. C’était compliqué. 

 

Si on m’avait écouté moi, ça aurait été beaucoup mieux si j’avais été prise en charge, en fait.

Mais là, on m’avait pas du tout prise en charge.

Je rentre pas chez moi en me disant ouais, j’ai un enfant, je rentre chez moi me disant putain, un enfant, c’est pas n’importe quoi et t’as pas intérêt à le quitter des yeux parce que en fait, on revient de loin. J’ai l’impression qu’on vient de très loin quand même. Lui et moi. 

En fait les symptômes de la pré éclampsie ne sont pas bien connus des femmes enceintes, donc c’est pour ça qu’il faut les expliquer, les réexpliquer et les diffuser. 

Il ne faut pas négliger une femme enceinte qui a des symptômes qui deviennent atypiques, qui accumule plusieurs symptômes qui peuvent montrer qu’il y a un début de pré éclampsie. 

La pré éclampsie en elle-même c’est une pathologie qui est liée à un problème du placenta.

Du côté de la maman, ça donne surtout de l’hypertension artérielle, de la protéine dans les urines et plusieurs qu’on peut voir à la prise de sang, notamment au niveau du rein, au niveau du foie, au niveau des plaquettes. 

Et du côté du bébé, il peut moins bien recevoir à travers le placenta, donc il peut y avoir des problèmes de croissance à type de retard de croissance, des signes de bien être fœtal qui seraient diminués

En fait, quand on en est à ce stade de hellp syndrome, c’est un signe de gravité qui nous montre que la pré éclampsie s’aggrave de manière assez rapide et que le bébé ne va plus pouvoir rester trop longtemps à l’intérieur de l’utérus parce que ça va s’aggraver très rapidement, surtout du côté de la maman. Donc, souvent, ça induit un accouchement dans les heures ou maximum dans les jours qui suivent quand il y a début de hellp syndrome. 

La plupart du temps, les symptômes régressent assez rapidement parce qu’on a enlevé ce qui causait la pré éclampsie, c’est à dire le placenta.

Et au cours du séjour de la maternité, ce qui est très important et qui est recommandé, c’est de pouvoir bénéficier d’un débrief.

L’accouchement peut être vécu comme traumatique parce que vécu en urgence, sans paroles, sans gestes auprès de la patiente, au contraire, un affairement du corps médical autour de la patiente. Et celle-ci peut avoir eu le sentiment d’être complètement impuissante, de perdre le contrôle de son corps, d’être un peu spectatrice de son accouchement. 

 

il est important d’écouter ces femmes assez rapidement dans les jours qui suivent l’accouchement […] et l’entourage ne doit surtout pas banaliser les choses. 

Car dans ces cas-là, la mère risque de se sentir incomprise, pas écoutée et de rester vraiment fixée à son traumatisme.



PRÉ-ÉCLAMPSIE ET RECHERCHE

DÉCOUVREZ L’ARTICLE DU DOCTEUR ET DIRECTEUR DE RECHERCHE À L’INSERM, DANIEL VAIMAN 

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